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Il progetto

Pereira, la BD de Bellevue

Quelques mots pour présenter le projet.

Conformément aux dispositions ministérielles (cf. BO Spécial n° 5 du 17 juin 2010 et BO n° 46 du 16 décembre 2010) le programme de 1ère ESABAC comprend la lecture d'une œuvre dans sa version intégrale. La classe de 1ère ESABAC du lycée Bellevue du Mans a donc travaillé cette année sur Sostiene Pereira, d'Antonio Tabucchi. Je pourrais justifier ce choix au nom de considérations d'ordre linguistique, mais je ne voudrais pas passer au second plan l'amour que je porte pour les livres d'Antonio Tabucchi et pour celui-ci en particulier.
Sostiene Pereira est en effet un roman existentialiste et «engagé». La lecture «militante» de ce roman a été surdéterminée par le contexte particulier de sa sortie en Italie. Il n'empêche que le livre légitime cette interprétation, à condition d'y reconnaitre l'histoire de l'éveil d'une âme à une prise de conscience, à travers le filtre du témoignage. En ce sens, son «engagement» dépasse les étiquettes. L' «Io egemone», dont il est question dans le livre, amène Pereira à retrouver son esprit critique, à travers un parcours marqué par l'amour et par la littérature. Je voulais que mes élèves s'engagent aussi sur ce même parcours. C'était une manière de transmettre le message d'un écrivain que j'ai eu la chance d'écouter plusieurs fois directement et qui a été aussi, je le crois, un grand enseignant.
Notre itinéraire de lecture ne s'est donc pas seulement concentré sur la dimension politique (à l'intérieur et à l'extérieur du roman), mais aussi sur le jeu d'équilibre et de détermination des espaces et des échanges. Ce personnage de Pereira, qui évoluait dans ses multiples labyrinthes (Lisbonne, la littérature, ses propres souvenirs, ses rencontres, ses rêves), sans trop savoir le pourquoi de ses actions (d'où une recherche spécifique sur le rapport entre «casualità» et «causailtà»), m'intriguait. J'ai demandé aux élèves de partir à sa recherche. Les résultats de cette analyse sont présentés par deux PPT (Axelle Loyau a travaillé sur «espaces et échanges» ; Léa Cœur-Joly sur la politique).
En outre, le fruit de cette quête a été une bande dessinée. Alors que toute la classe a travaillé sur l'écriture du texte des bulles, Floriane Boulanger, une élève particulièrement douée pour le dessin, a donné un corps à «notre» Pereira. Je tiens à préciser à ce propos que les élèves, pendant cette phase du travail, ne connaissaient pas le film que Roberto Faenza a tiré de ce roman. Je voulais que leur imagination repose uniquement sur les pages écrites par Tabucchi. C'est seulement à la fin de notre séquence que nous en avons vu, tous ensemble, la scène initiale.
A la fin de cette aventure, je partage avec mes élèves le sentiment d'une découverte et la grande satisfaction de pouvoir présenter leur travail sur ce site. J'en suis heureux. Je tiens à remercier pour cela Nicole Chatard, qui a soigné l'aspect technique de la publication de notre page sur ce site ; je suis reconnaissant à Anna Dolfi, qui a été mon professeur à l'université de Florence, qui m'a initié à l'univers de Tabucchi et qui a suivi avec intérêt cette expérience; un remerciement chaleureux, enfin, à Maria-José de Lancastre, qui a accepté avec enthousiasme d'ouvrir cette porte aux élèves.

Germano Pallini
(professeur d'italien au lycée Bellevue du Mans)

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